Jean Nicolas Arthur Rimbaud
est né à Charleville-Mézières le 20 octobre 1854.
Poète aux grandes ambitions, il suivra le chemin tracé par Baudelaire–dont vous pouvez lire la chronique dans le
numéro précédent–afin de créer sa propre poétique, une poésie du symbole, un rejet des romantisme et réalisme français pour un retour au mystique et à l’évocation des idées par analogies.
Le concept est difficile à cerner, tout comme l’est Rimbaud. Aventureux, révolté, sa poésie est empreinte de ses expériences : anti-bourgeoise, libertaire, mais aussi subtile, brillante, et sensible. Une saison en Enfer
et Les Illuminations, ses deux œuvres majeures, seront considérées en France comme de véritables chefs-d’œuvre, faisant du jeune Rimbaud l’équivalent d'un Mozart en poésie. Et tel Mozart, sa vie sera courte, mais si riche qu’elle nous paraît irréelle.
Voici quelques moments de la vie du jeune prodige.
Il naît dans une famille de cinq enfants. Son père, militaire, sera aux abonnés absents, sa mère, stricte et dure, lui fera rejeter le cocon familial.
1870 est une année chargée pour Rimbaud. Agé de 16 ans, le jeune homme entretient une correspondance avec les parnassiens, poètes héritiers directs du style de Baudelaire, via son enseignant de rhétorique Georges Izambard. C’est de là que naîtra sa relation avec Paul Verlaine. La même année, il fait deux fugues : la première le 29 août à Paris, ce qui l’enverra immédiatement en prison, où il sera relâché une semaine plus tard le 4 septembre. Le 7 octobre, il fugue. Direction la Belgique, en espérant devenir journaliste. Mais entre ces fugues, Rimbaud ne retourne pas chez lui.
Il est à Douai, où il tente de rejoindre la Garde Nationale, inspiré par le siège de Paris et la proclamation de la République, et finit par écrire pour Le Libéral du Nord, journal dont Izambard fut rédacteur en chef. Il y retourne à la suite de sa seconde fugue, et il aura fallu que sa mère envoie les gendarmes pour que Rimbaud retourne enfin chez sa famille.
En 1872, Rimbaud débutera une relation tumultueuse avec Paul Verlaine dont le point de départ est une dispute entre Verlaine et sa femme suite à l'accueil de Rimbaud dans leur foyer. Le point culminant de la dispute aura lieu quelques jours plus tard lors d'un dîner au restaurant : le poète menace de mort sa compagne.
En juillet de cette année, Rimbaud et Verlaine partent en voyage ensemble faire les quatre cents coups. Ils gagnent Londres où ils résideront près des exilés communards. De nombreuses péripéties, un procès, un divorce et des disputes attendent le couple de poètes.
Durant cette période, Rimbaud rentre chez lui pour un temps et l'on estime que c’est à ce moment-là qu’il commence la rédaction d’Une saison en Enfer.
Ce manège persistera jusqu’en 1873, année où Verlaine tire dans l’avant-bras de Rimbaud à Londres. Ce dernier le dénoncera, Verlaine ira en prison. Rimbaud reste à Londres plus d’un an : avec Germain Nouveau pendant un temps puis avec sa famille, avant de rentrer à Charleville. On est alors en 1874, il fête ses 20 ans.
En 1875, Verlaine sort de prison, et Rimbaud lui confie Les Illuminations, un recueil inachevé. Ce sera sa dernière rencontre avec son ami.
De 1875 à 1880, les voyages de Rimbaud sont trop chaotiques pour être résumés. Ce que l’on peut retenir, c’est son engagement militaire : il rejoint les Indes Néerlandaises en 1876 et déserte trois mois plus tard ; il cherche à s’engager dans la marine américaine en 1877. Il finira par trouve run emploi stable en 1880, en Aden et au Harar, respectivement au Yémen et en Ethiopie.
A partir de 1885, Rimbaud devient trafiquant d’armes et en 1891, il mourra d’une amputation du genou. Il avait 37 ans.
Vous l’aurez remarqué, la vie de Rimbaud est semée d’embûches ; de vie bourgeoise en trafic d’armes, on se demande comment il a pu en arriver là.
C'est l'Histoire qui a réveillé Rimbaud. La proclamation de la République, en 1870, a allumé un feu à l’intérieur du poète qui ne s’est jamais éteint. Son âme de résistant, d’aventurier, d’artiste a fait fi de toutes les règles.
Quant à Verlaine, c’est sa rencontre avec Rimbaud qui va déclencher ce feu.
Ici, en {R}évolution, nous croyons fermement que ce feu est une étape par laquelle passe tout artiste. Une étape qui peut s’avérer dévastatrice lorsque l’on ne comprend pas ce qu’il se passe, une étape dévastatrice lorsque l’on perd le contrôle.
Rimbaud et Verlaine ont tout deux perdu le contrôle.