Logos | D.A. Roarshock Wilson, Présence poétique

Revue {R}évolution • sept. 01, 2021

28 août 2021

QUI EST LE POÈTE? DAVID A. WILSON

"Les gens qui vous aiment vous donnent souvent la liberté d'être bizarre" 

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D. A. "Roarshock" Wilson est poète et conteur originaire de Californie. Il s'est produit sur diverses scènes de la baie de San Francisco et à Paris. 

Présence médiatique forte (radio et podcasts), Roarshock est un activiste poétique du web 2.0, en révolution poétique et numérique depuis mars 2020. 

 Membre de Spoken World Online, Sacred Grounds (San Francisco) et du café littéraire international Angora Poets World Caffe, Roarshock clame haut et fort la prééminence du verbe poétique de sa voix tonitruante et douce. 

Auteur de First Hours Of A Rainy Day And Other Poems, il est également éditeur de 
Roarshock Page, un fanzine littéraire de toute beauté poétique. 

Dans ce grand entretien, il se remémore ses multiples naissances en poète à l'ombre de Blake, Baudelaire, Pound et les Beat Poets, s'interroge avec nous sur la morsure des muses et s'adresse aux jeunes poètes. 

Puisque seule la poésie peut conclure, David nous offre un poème en écoute et en lecture:
Asilomar Beach Meditations, une madeleine douce-amère (mais douce, quand même).


David A. "Roarshock" Wilson, Paris (year)



 Naissance poétique

MURIELLE MOBENGO : Comment avez-vous réalisé que vous étiez poète? 

D.A."ROARSHOCK" WILSON : Eh bien, j'avais quinze ans lorsque j'ai fait ce choix de carrière. Je pensais pouvoir vivre de mon art à l'époque, mais je me suis vite rendu compte qu'il me faudrait avoir des emplois plus conventionnels pour vivre. Je ne suis pas universitaire. Aujourd'hui, aux États-Unis, il y a beaucoup de poètes qui suivent un cursus universitaire. La poésie universitaire...Je ne suis pas sûr de savoir ce que c'est. La poésie vient de la rue. 

Bref, il y a 45 ans que je suis poète. J'ai été plusieurs fois salarié, je me suis occupé de ma famille, la vie normale, quoi! Toutes ces choses m'ont donné matière à écrire. À chaque fois que j'écoute des poètes de tous horizons, de tous pays partager leur travail au sein des différents groupes de spoken word auquel j'appartiens, je me rends compte que la pierre que l'on apporte à l'édifice est toute petite. Je reste curieux, ouvert, j'apprends toujours.

 Perception poétique et choc du réel

 MURIELLE MOBENGO : Qu'y a t-il de poétique dans votre perception, votre rapport au monde? 

D.A. ROARSHOCK WILSON : L'observation. L'art, c'est pour les observateurs, que l'on soit poète, écrivain, photographe ou artiste-peintre, même si la réalité objective a ses limites, parce que nous sommes dans le réel et qu'il nous affecte toujours. J'ai, par ailleurs, un goût certain pour la prose.  C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je fais une pause dans mon travail d'éditeur de Roarshock Page. Je veux me consacrer à l'écriture de textes plus longs. 

MURIELLE MOBENGO : Oui. Le réel est un choc pour le poète. Les vies de nos frères et soeurs en poésie du passé le prouvent. Bon nombre d'entre eux sont morts dans l'indigence la plus totale ou ont encore une réputation qui sent le soufre, comme Baudelaire par exemple. On l'encense aujourd'hui mais il a été traîné en justice et est mort en exil. D'après vous, d'où vient cette fameuse malédiction du poète ? 


D.A. ROARSHOCK WILSON : Baudelaire a heurté la sensibilité de la bourgeoisie. Mais en y repensant bien, métaphoriquement, si les muses parlent par le poète, si elles circulent en lui, alors être poète peut devenir un fardeau et on ne peut pas en vouloir à ceux qui ne veulent pas de ce poids. Être poète ne me pèse pas. Mais c'est une épreuve, pour certains, un sacerdoce. Les plus grands d'entre nous sont aussi ceux qui ont le plus souffert.

MURIELLE MOBENGO : Oui. Le cas de William Blake est particulièrement révélateur. Sa poésie est sublime et c'était un conteur hors pair. Il a créé des mythologies entières!

D.A. ROARSHOCK WILSON : Tout à fait. Quel imaginaire incandescent! Blake est né à un moment gênant de son génie. Il avait un petit cercle d'amis artistes, mais n'était pas visible, ce qui l'a isolé, paupérisé, marginalisé. J'ai connu des poètes, personnellement et en littérature, qui avaient de sérieux problèmes de santé mentale. Est-ce que tout ça va de paire? Je ne sais pas.

MURIELLE MOBENGO : C'est comme si nous n'étions pas au bon endroit au bon moment, ou plutôt, comme si nous étions en avance sur notre temps. Le poète est intense, paradoxal. Il doit faire corps avec l'humanité et a besoin de solitude pour créer. Peu de gens comprennent notre vocation. Donc, on nous trouve bizarres.

D.A. ROARSHOCK WILSON : Oui. Voilà qui résume assez bien la condition du poète. Je crois qu'être entouré de sa famille, de ses amis est essentiel. Les gens qui vous aiment vous donnent souvent la liberté d'être bizarre. J'ai la chance d'être très entouré, mais je sais que lorsque l'on ne l'est pas, il faut essayer de vaincre l'appel du vide, celui de la désespérance qui nait dans la solitude. Il faut avoir un système de soutien et d'amour autour de soi (a support system of love). Nous en avons besoin. C'est le problème de tous les écrivains, des artistes aussi, je crois: l'écriture se fait dans la solitude, l'écrivain est un être seul. Ce n'est vraiment pas facile et franchement, quand on peut s'en passer...(rires). Mais parfois, l'appel des muses est plus fort que tout. 

Appel des Muses & travail d'orfèvre

Poems grow out of desolation

arriving unannounced

banging upon the doors of consciousness

Let me in, let me in!

  - A Poem Unbidden, D.A. Roarshock Wilson


 MURIELLE MOBENGO : Quand on parle du loup! À quoi ressemble cet appel des muses pour vous ? 

D.A. ROARSHOCK WILSON : C'est différent à chaque fois. Parfois, c'est comme une promenade sur un joli petit chemin de campagne, parfois, c'est comme un TGV, ou des bombes qui vous explosent en pleine figure! Oui, il y a des poèmes qui n'ont pas besoin de vous, qui s'écrivent presque tout seuls. Et puis, il y a les autres, des bribes d'idées qui vous parviennent. Ceux là demandent plus d'attention, plus de travail. Il faut fournir l'effort des mots, trouver la langue qui porte l'idée, voyez? Ces poèmes-là sont généralement plus longs, j'en ai quelques uns, comme ça. On les retravaille, ils prennent du temps. C'est une autre voie [qu'empreinte les muses], tout aussi intéressante.

Pour faire court, parfois, le poème est là et il n'y a plus qu'à l'écrire. Parfois, il faut faire un travail d'orfèvre. Tout bien réfléchi, même les poèmes "évidents," ceux qui naissent dans l'inspiration pure du moment, doivent être fignolés. Parce que le poète est aussi éditeur. En plus, il m'arrive de faire des mises à jour de poèmes. Nos poèmes sont aussi pour ceux qui les reçoivent: ils doivent être en prise avec le temps, mais aussi intemporels. 


MURIELLE MOBENGO : Absolument. Le poète est un orfèvre.  

D.A. ROARSHOCK WILSON : Sur les diverses scènes de spoken word que je fréquente, certains poètes ont une approche très formelle de la poésie. Ils coulent leurs poèmes dans le mètre, chose que je ne fais quasiment jamais. La plupart de mes poèmes sont des vers libres. Un poème réussi a déjà sa propre musique, son propre rythme. Il a pour ainsi dire, conscience de lui-même, sans que le poète en soit forcément conscient, d'ailleurs.

MURIELLE MOBENGO : C'est vrai. Et d'ailleurs, d'où viennent-ils? D'où viennent les poèmes, David? 

D.A. ROARSHOCK WILSON : J'ai écrit un poème sur le sujet. "A Poem Unbidden". Vous m'avez certainement entendu le lire. J'y demande ce que ce poème fait là, il m'embête, je lui dis que je préfèrerais regarder un match de foot à la télé!

MURIELLE MOBENGO : Oui. La mythologie hindoue propose une explication exquise de ce phénomène: nos cinq sens, constitués d'éléments divers, seraient "chapeautés" par un méta-élément nommé "akash," l'éther ou tissu divin, poétique. Ainsi, nous serions tous dotés d'un corps étherique-poétique plus ou moins développé, un portail vers l'absolu. [D'ailleurs, dans la mythologie nordique, la poésie est un super-pouvoir conféré par Odin, père des univers, des hommes et des dieux.]

D.A. ROARSHOCK WILSON : Ça me parle. J'en ai fait l'expérience directe lorsque je devenais poète. Quand j'étais au lycée, nous avons fait un voyage en montagne avec ma classe et nous avons inventé un rituel, créé des masques, joué du tambour. Le rituel s'est transformé en danse "tribale" et nous avons tous vécu quelque chose de poético-mystique. On planait quoi! (rires) Tout est une question de sensibilité et d'ouverture poétique.  Il m'est arrivé de vivre des expériences similaires lors de festivals. On peut tous créer un rituel pour entrer en poésie. Notre époque va mal parce qu'on ne se l'autorise pas. C'est une expérience puissante, à vivre en groupe. Et nous en avons besoin.

Dominum Cognoscite Vestrum 

 MURIELLE MOBENGO La devise de {R} est aussi la vôtre, maintenant, David. "Dominum Cognoscite Vestrum," Connais ton Maître. Qui a forgé votre conscience poétique? 

D.A. ROARSHOCK WILSON : Les œuvres des modernistes d'il y a cent ans ont joué un rôle important dans ma démarche poétique. Je pense notamment à l'Ère du Jazz chez nous, au Paris des années folles, sa vivacité culturelle, artistique, littéraire. Ezra Pound a fait forte impression sur moi aussi. C'était un grand mécène, un grand poète, quoi qu'un peu excentrique. Et en avançant dans le temps à partir de cette époque, il y a les Beats, bien évidemment. À mes débuts, j'ai eu la chance de les voir sur scène. Ils ont, en grande partie, forgé ma conscience poétique. Au fil des ans, j'ai beaucoup appris auprès d'eux.


J'ai grandi dans la baie de San Francisco et j'ai soixante ans aujourd'hui. Alors dans les années soixante, à l'époque où cette contre-culture fleurissait, j'étais tout gamin. Mon père et ma mère étaient très créatifs, mais plutôt centrés sur leur famille. Ils n'étaient ni beatniks, ni hippies, rien de tout ça, mais ils ont su me laisser un peu d'espace. Soit-dit-en passant, les Beats étaient fascinants jusque dans leur style vestimentaire. Ils avaient une classe folle! 

Voilà comment tout a commencé pour moi. Quand j'étais au lycée, j'allais à des lectures en ville avec mes copains. J'ai vu Ginsberg, Ferlinghetti, Gary Snyder, Gregory Corso et tous ces types jouer, faire des lectures dans divers lieux, à diverses occasions. Je me souviens qu'une fois, mon copain et moi sommes allés voir Robert Duncan, un autre grand poète de cette époque. Il se produisait dans une librairie sur Telegraph Avenue à Berkeley, c'était plein à craquer à l'étage: de livres, de gens. C'est probablement là que j'ai appris à me présenter en spoken word poet et à performer sur scène. 
MURIELLE MOBENGO : Vous vous définissez plutôt comme un poète de spoken word alors? 

D.A. ROARSHOCK WILSON Non, pas vraiment. Mais ça fait partie de mon cheminement artistique. Lorsque je monte sur scène, je suis "Roarshock", mon alter ego poétique. Tout a commencé en partie Au Chat Noir en septembre 2016. Il y avait une scène ouverte et David Barnes a mis mon nom sur la liste. Puis, ça a été le tour de Moe Seager, et Lindsey Gordon est arrivée et m'a dit qu'il fallait absolument que je rencontre les Angora Poets, et m'a présenté David Leo Sirois. Je me suis produit Au Chat Noir à plusieurs reprises, avec un plaisir toujours renouvelé. Nous avons fait des lectures dans divers lieux, dans des parcs avec mes amis musiciens qui appartiennent à divers groupes. Vous savez, je trouve que toute cette "Renaissance" de la tradition poétique orale sur Zoom est une chose formidable. Il faut y aller à fond mais avec modération, tout de même...


MURIELLE MOBENGO : Ma vie de spoken word poet a été brève. Je ne me définis pas comme ça, même si j'ai organisé des spectacles publics de poésie avec des musiciens il y a quelques années. C'était épuisant. Je suis un poète de tradition écrite. En écriture, le poème est intact, presque pur. Je disparais derrière lui. Il passe à travers moi pour appartenir à tous. 


D.A. ROARSHOCK WILSON : Ce sont des processus différents. L'écriture est importante et il faut la maîtriser, c'est vrai. La performance, d'après moi, est d'un autre niveau...qui demande beaucoup d'énergie, en effet.

Le Conteur & faiseur de mythes

MURIELLE MOBENGO : Vous vous définissez comme un "faiseur de mythes, poète et conteur, de la Californie du Nord vers le Monde et les Univers au-delà". C'est toujours merveilleux de rencontrer un poète qui a fait corps avec son pouvoir de créer des cosmogonies ! David, parlons de la mère de la poésie: la Mythologie.

D.A. ROARSHOCK WILSONBien sûr. J'en parlais déjà tout à l'heure, avec l'anecdote du rituel. La poésie est un vecteur d'expression du mythe, une très grande richesse que nous devons apprendre à connaître, à travers les cultures, mythologies et histoires du monde entier. Nous devons chérir nos mythes, honorer notre singularité culturelle et célébrer tout cela. Et parallèlement, il faut prendre conscience de notre présence à tous sur cette petite Terre bleue, notre héritage, se réunir et apprendre à œuvrer ensemble.

Il est essentiel que nos mythes, notre histoire, notre culture restent intacts mais nous avons également besoin d'un mythe cosmique, un espace mythologique partagé. Si le monde est dans ce triste état, c'est en partie parce que nos mythes individuels, nationaux, ne sont pas assez grands pour contenir notre immensité. On en revient à la sensibilité... Bon nombre de gens ont une intériorité réduite. Ce n'est pas du tout le cas du poète. L'intériorité du poète est grande, sa sensibilité aussi. Cette grandeur, nous la transmettons au monde par la Poésie. C'est peut-être ça, notre mission: offrir cette dimension au monde. Et un jour, le poème que vous avez écrit ou déclamé créé une brèche dans l'esprit de quelqu'un et lui ouvre un peu l'esprit, le fait planer un peu. C'est toujours ça de pris. 

Les poètes et les autres
(ça en fait, du monde)

MURIELLE MOBENGO : Je suis d'accord. J'ai été entouré de beaucoup de non-poètes par le passé (rires) et j'ai remarqué, du moins chez ceux qui semblaient sensibles à la poésie, qu'ils aimaient l'histoire et l'émotion que le poème charriait. Ils passaient donc complètement à côté du poème. Oui, les poèmes racontent des histoires parfois, mais ils sont bien plus que cela, voire bien moins: certains poèmes sont des aphorismes philosophiques majestueux. Une histoire, ça se consomme. Un poème, c'est une essence. Ne pas le comprendre, c'est laisser la beauté poétique, son pouvoir d'illumination nous échapper. 

D.A. ROARSHOCK WILSON : Oui. Un poème réussi va d'ailleurs se situer sur ces différents niveaux. Son auteur n'en sera pas forcément conscient, d'ailleurs! Je l'ai déjà vécu avec l'un de mes poèmes dans lequel un personnage mange tout. À la fin du festin, le personnage s'en va, puis revient pour manger tous les poètes. Dans le public, quelqu'un m'a interpelé en me demandant: "Pourquoi ? Pourquoi a-t-il mangé les poètes ?" J'y ai repensé et j'ai réalisé que c'était peut-être une métaphore sur la façon dont la société traite les poètes, en général. Elle les mâche et les dévore. Au moment de l'écrire, cette idée ne m'avait même pas traversé l'esprit. Ce poème avait l'air simple, mais il se passait autre chose en lui, une chose dont je n'avais pas conscience lorsque je l'ai écrit. 

Cela m'est arrivé souvent, lors de mes lectures publiques. Des choses que je n'avais pas vues dans le poème apparaissent tout d'un coup. C'est vraiment jouissif lorsque ça se produit. 

MURIELLE MOBENGO : Donc vous n'êtes pas toujours conscient de la part de soi dans vos poèmes? 

D.A. ROARSHOCK WILSON : Pas toujours, en effet. Certains de mes poèmes sont vraiment personnels et je ne les lis jamais en public, ou très rarement. Il m'arrive de lire des poèmes d'amour à la Saint Valentin! Tout dépend de ce que je veux dévoiler, de mon désir de me rendre vulnérable. Heureusement, mes poèmes sont assez généraux, pour la plupart. 

Le Poète, l'amour, etc.

MURIELLE MOBENGO Transition parfaite. Parlons d'amour. Ah, le poète et l'amour, le poète et le corps! Revenons-en un peu à Baudelaire, qui incarne parfaitement ce rapport poétique au corps et à ses émois. Si Les Fleurs du Mal (et en partie, Le Spleen de Paris) sont aussi sublimes,  c'est grâce aux maîtresses de l'auteur! 

J'ai fini par comprendre que les poètes transitent tous par cette phase existentielle intense, celle de la passion charnelle, des romances souffrantes et autres expériences corporelles délicieuses et douteuses. D'après moi, ces amours en fusion ne sont qu'une excuse pour recevoir la caresse des muses, s'abreuver à la source de la beauté pure, qui peut aussi se muer en poison. Avez-vous vécu des expériences semblables et...franchement, est-ce que ça vous a fait du bien? 

D.A. ROARSHOCK WILSON : La réponse est oui. Oui, je suis passé par là. Oui, c'était bien. Les femmes sont des muses merveilleuses pour un homme poète. J'en ai gardé quelques poèmes. Parfois, j'en sors quelques un...

MURIELLE MOBENGO : Le problème, c'est que les poètes n'ont pas d'amour heureux. On doit pouvoir entendre le chant des muses sans la caresse qui tue! Ces poussées de fièvres amoureuses altèrent notre créativité, l'abîment, et finissent par nous détruire. Je ne suis pas sûre que ce soit de l'amour. Ça fauche de grands poètes, hommes et femmes, en plein vol, au summum de leur puissance créatrice et ça prive l'humanité de leur présence lumineuse.

D.A. ROARSHOCK WILSON : Les histoires d'amour, c'est compliqué. Il faut être deux pour les vivre et j'imagine que chacun tire la couverture à soi. Vous ne le sauriez pas si ce n'était pas le cas, n'est-ce pas ? Apparemment, on ne peut apprécier la douceur de l'existence sans un peu d'amertume. Le monde fonctionne comme ça, semble t-il. Quant aux muses, elles passent par vous, mais aussi par l'autre, celle qui vous inspire. 

Je me souviens que lorsque je lisais ces poèmes à la personne qui les avait inspirés, elle adorait ça. C'est une question qu'il faut continuer à creuser... C'est de l'amour ou c'est animal? Parfois on dit: "Je t'aime tellement que je pourrais te dévorer". Si vous trouvez un remède miracles un de ces jours, Murielle! (rires)

Il faut dire qu'il y a des problèmes dans l'autre sens aussi: les poètes et autres artistes ne sont pas toujours tendres avec leurs muses ou leurs proches. En fin de compte, je crois qu'il faut être bienveillant dans nos rapports, amoureux ou pas. Le monde se porterait beaucoup mieux, n'est-ce pas?

L'instant Rilke: lettre à un jeune poète

Jeune poète,


Si tu te sais poète et que tu n'y peux rien,

alors sois poète,

mais ne perds pas la tête.


Sache que nous existons dans ce monde

et que ce monde n'est pas fait pour nous.


Voilà pourquoi il nous faut

redoubler de talents et de ruses

et porter des  masques s'il le faut
pour survivre en poète.



 J'ai choisi d'être poète à l'âge de 15 ans, vécu paisiblement en poète, et me voici interviewé bien des années plus tard: le chemin est long. À moins que tu ne décides d'être romantique et donc, de mourir très jeune, être poète est un travail de longue haleine. Alors, persévère!

- David A. Roarshock Wilson


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Poésie d'Amérique: First Hours Of A Rainy Day, de D.A. Wilson chez AbeBooks

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