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Murielle Mobengo, Poète

MURIELLE MOBENGO

est un poète français d'apparence bantoue. Elle traque l'Harmonie (autre nom de la poésie) dans les formes et non-formes: en toute chose. 


Sa poésie puise aux sources du Shivaïsme du Cachemire, philosophie majestueuse, non-dualiste, et forcément humaniste.


Elle fonde Revue {R}évolution à New York en 2019, pour réunir les cultures d'Orient, d'Occident et d'Afrique et promouvoir une poésie vivante, authentique, élégante, intériorisée: excellente.



Auteur du Poetical Manifesto  et du recueil de poèmes (surtout: n'incarner personne) (2006-2016), Murielle est l'œil graphique de Revue {R} et anime Qui est le Poète? (QELP), podcast bilingue et amoureux des Poètes du monde.


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MURIELLE MOBENGO
🇫🇷🇨🇬 

Donc, l'harmonie, c'est trop calme?

Le Poète en révolution pour la Beauté

Savez-vous pourquoi les révolutions échouent toujours?


Les révolutions échouent toujours parce que l’humanité ne se révolte jamais pour la beauté. La grande muette est l’autre nom de l’armée, celle qui guerroie et met à mort. L’harmonie, elle, est une grande discrète qui met en vie. On ne sait comment elle réarrange nos affects boueux, nos procédures importantes, guerrières, personnelles, petites, en tranquillité exaltante et contemplatrice, c’est-à-dire impersonnelle.


Homo Sapiens Sapiens a le goût étrange et éduqué pour la rugosité en bande organisée. Le Poète quant à lui, secrète de la tendresse et de l’immensité. Il en distille tant et si bien qu’en cas de rugosité extrême et discordante, arrivant toujours aux bandes organisées, les sapiens sapiens viennent le voir pour en absorber.


Puisqu’il danse sur des cordes raides pour vivre, et a le don d’exalter et de pacifier à la fois, le poète est apprécié par la bande organisée des sapiens sapiens qui, en fin de compte, cherchent toujours à expédier l’harmonie pour toutes sortes de raisons savantes: 


L’harmonie, disent-ils, c’est trop calme. L’harmonie, se plaignent-ils encore, ressemble à ma mère: elle est trop exigeante. L’harmonie est comme mon père: elle m’ennuie. L’harmonie est trop prévisible: il ne s’y passe jamais rien. Nous préférons nous distraire et consommer.


Alors, sapiens sapiens en bande organisée consomment des poètes pour se divertir. Il en nomme certains rock-star et pop star et super star (des étoiles noires). Il les passe au moulin de la postérité, il les momifie dans des manuels scolaires, sur scène, ou dans des musées.


Ce procédé douteux consistant à se proposer à la consommation pour le plaisir d’autres dénutris en bande organisée, sapiens sapiens, tout sachant qu’il est, l’a nommé “réussite” ou “célébrité”.


Puis sapiens sapiens jette les poètes dès qu’il s’est sustenté de leur flamboyance et de leur intensité. Il les jette pour partir en affaires, tout sérieux et tout affairé en bande très organisée, cette fois-ci, plein d’une nouvelle vigueur extirpée du corps de ceux qui savent magnifier la solitude et transformer les quarantaines mornes en recueillements lumineux.


Voilà comment les foules, grandes, médiocres ou petites, consomment des poètes en cette éternité-ci.


Passant par le feu de ce processus et couronné par l’obséquiosité des bandes organisées, constatant peut-être leur corruption avant la destitution, les poètes finissent par composer des odes prodigieuses et justes à un amour absent.


Voilà comme le Poète vit, naît et crée, comment il met les foules et l’homme seul en joie et ouvre les cloîtres intérieurs. Voilà aussi comme il chute et meurt.


Le Poète ressemble à une personne. Il marche, agit et parle. Il est pourtant autre: impersonnel, fait de succulents nectars qu’il exhale mystérieusement. Seul, pétri de silence, de béatitude et d’indicible.


Revue {R}évolution s’appelle Revue {R}évolution parce que notre collectif de sapiens sapiens doit revoir ses priorités.


Pour ceux qui veulent l’âpre, l’acrimonieux et l’hubris en bande organisée, il y a la grande muette extérieure ou intime.


Pour les autres, il y a le Poète et sa fonction sacrée, son chant subtil et nourricier, résonnant dans les temples de nos cages thoraciques.


Et même au-delà.

© MURIELLE MOBENGO

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